C'est un jardin qu'il faut au théâtre
Au pied des arbres, assis – je regarde les gens s'installer – je les regarde tous, je les scrute – ils me rendent mon regard ou l'évitent, j'insiste ou je n'insiste pas – je reconnais et je fais connaissance – ça commence.
Ici, je ne me vends pas et personne ne m'achète. Je ne suis pas entré ici esclave de la recette du soir qui sauverait mon été, épuisé par la chaleur et l'interminable distribution des tracts. Je n'en repartirai pas ruiné et dégoûté du genre humain.
Ici, je me donne et l'on me donne. Ici, mon exigence, ma foi dans le théâtre, le goût de mes rêves, mon travail acharné d'auteur et d'acteur sont accueillis par la bienveillance, la chaleur humaine, et, parfois, l'enthousiasme.
Ici, j'ai beaucoup investi, et l'on me paie au centuple. Car, au vrai, mon expérience dans le IF est inestimable. Elle n'a, à proprement parler, pas de prix.
Il n'y a pas de gratuité qui tienne, et je n'ai pas joué pour rien – mais, dans ce monde où l'argent commande, il existe un havre où l'art, l'exigence et le plaisir règnent en maîtres.
David Bowie chante, et Cendre à la cendre commence.
C'est un jardin qu'il faut au Théâtre.
Enfin une troupe !
Je ne me suis jamais senti aussi proche de Jean Vilar que durant la semaine que j'ai passée à Avignon pour le Festival IF 2018.
Jean Vilar c’est mes rêves d'adolescences et de jeune acteur. Des rêves de troupe.
C’est l’idée que je me faisais du théâtre à 17 ans. N'avoir à s'occuper que de son texte, son texte son texte.
N'avoir à se préoccuper que de la représentation du soir. N'avoir qu'un souci, servir l'auteur et rendre heureux le spectateur.
J'ai souvent « fait Avignon » comme on dit. Seul sur scène, mais seul dans les rues, seul à tracter pour glaner des spectateurs.
Tracter jusqu'à une demi-heure avant le spectacle, au détriment de la concentration, qui se bricolait sur Scène dans le premier quart d'heure au détriment su spectacle lui-même.
La chose heureuse c'est que j'ai ainsi appris à connaitre, à reconnaître à repérer « mon public ». Le public susceptible d'aimer mes textes.
Cette année en me promenant dans les rues pendant le festival, je ne reconnaissais pas mon public et je me demandais, si j’avais du tracter vers qui je serais allé.
Grâce au Festival If, j'ai enfin vécu mes rêves d'adolescence J'ai passé mes journées à ne penser qu'à mon texte. À répéter. J'ai pris le temps d'arriver sur le lieu de la représentation 1h 30 avant. J’ai eu le temps de chauffer ma voix. Détendu, sachant que c’était COMPLET - le plus beau mot au théâtre -.
Tout ce temps qui est du luxe.
J’ai eu un cadeau magnifique de Serge Valetti qui a accepté que je joue son texte.
Grâce au Festival If et à son équipe, j’ai eu enfin le sentiment d’appartenir à une troupe.
Et je compte bien ne pas la quitter d’une manière ou d’une autre.
If I could express my emotion after the IF...
J'ai chanté sous les plantes tropicales les pieds dans l'herbe, au coeur du palmier d'Avignon.
J'ai brisé mes chênes.
Avec Pierre à la guitare, cyprès de moi
Je n'étais pas saule en scène. Entourée d'hêtres si généreux qui ont fait un sacré bouleau ! J'étais grâce à eux zen comme Baobab Marley. Sans plus chercher séquoia le but de ma vie, j'ai vécu 3 jours mémorables. J'en perds mon sapin aujourd'hui!
Merci tant et tant encore.